jeudi 24 mai 2012

Chawki Abid, un autre conseiller de la présidence qui critique sévèrement le gouvernement


Mohamed Chawki Abid, conseiller auprès du président de la République chargé des affaires économiques, a publié jeudi 24 mai sur sa page Facebook, un article dans lequel il critique assez sévèrement le gouvernement. C’est le deuxième conseiller du président de la République, après Adnène M’nasser, à critiquer ouvertement le gouvernement cette semaine.
Et c’est la deuxième fois que Chawki Abid critique le gouvernement. La dernière fois, c’était en mars dernier en qualifiant la Loi de finances de bidon.
Ci-après l’article de M. Abid que nous reproduisons tel quel, sans aucune modification.
Comment manœuvrer pour échapper à une Crise Politique périlleuse ?

Dans un pays démocratique assorti d’un régime parlementaire rigide, que doit faire un Chef de Gouvernement sérieusement sanctionné par Standard & Poor\\'s ?

Au terme de 5 mois de gouvernance, l’on constate que le pays avance au pas de tortue lorsqu’il ne recule pas. Sur le plan économique, l’on parle de ‘‘nette reprise’’, alors que Standard & Poor’s estime que le gouvernement de transition, en place depuis décembre 2011, n\\'est pas en mesure de redresser suffisamment l\\'économie.

Quels sont les motivations d’une telle dégradation ? Nous pouvons en citer : Absence de plan d’actions pour redresser le système bancaire, Insuffisance du Titre II du Budget de l’Etat pour rassurer les chômeurs et stimuler l’investissement privé, Loi de Finance inappropriée, Gestion indulgente d\\'une Administration corrompue, Inefficacité de plusieurs Ministres clés (Industrie, CIIE, Finances, …), Précarité de la sécurité, Érosion du pouvoir d’achat, Potentiel de grogne syndical, Laminage des réserves en devises, Aggravation du chômage.

En effet, dans son communiqué en date de novembre 2011, S&P et les agences de notation avaient exprimé leur besoin d\\'avoir une meilleure connaissance de la situation réelle des banques, du niveau de provisionnement nécessaire et des messages de soutien de l\\'État vis à vis des banques publiques notamment. En outres, le traitement des dossiers litigieux du lendemain du 14 janvier 2011 aurait permis d\\'avoir une situation davantage claire sur les efforts à consentir, de mieux communiquer et encore une fois d\\'éviter les spéculations sur la fragilité du système bancaire

Ainsi, ce même communiqué aurait dû être traité au regard de ses observations et recommandations, pour nous éviter cette dégradation à 2 crans de BBB- à BB. La BCT devait alors aborder la problématique de la situation des banques, et dresser un plan d’actions avec des échéances, précisant les priorités à gérer au vu de la situation économique et financière qui prévaut. En fait, ce qui rassure les agences de rating c\\'est de voir que les problèmes sont pris "à bras le corps", et non de constater l\\'absence de coordination et les tiraillements entre les institutions qui sont le moteur du fonctionnement de l\\'économie.

Pour mémoire, nous avons plus entendu parler du débat de l\\'indépendance de la BCT que de son projet de rétablissement de la situation bancaire nationale, des projets de réformes structurelles pour recouvrer la confiance tant des opérateurs locaux que des investisseurs internationaux ainsi que les déposants. Il aurait fallu commencer la réflexion de manière effective et, avoir un calendrier et des propositions, plus pour cela que pour l\\'indépendance.

Maintenant, le mal est fait. De l’une des deux : soit on en tire des enseignements pour prendre les mesures qui s’imposent, soit on dénonce un complot pour poursuivre la descente aux enfers!
J’ai noté les avis des uns et des autres, qui se rencontrent dans une double conséquence : « le chef de gouvernement doit proposer une équipe "compétente et efficace" ou remettre sa blouse».

Si j’étais Mr Hamadi Jebali, j’aurais suivi la feuille de route suivante :
1) Dissoudre le Gouvernement actuel, pour contreperformance après 150 jours d’exercice
2) Articuler le Gouvernement autour de 13 Ministères : Défense, Intérieur, Affaires étrangères, Justice, Économie & Finances, Transport & Équipement, Coopération International & IDE & Tourisme, Agriculture & environnement, Santé & Affaires sociale, Enseignement, Développement régional & formation prof, Culture & Sport & Famille, Télécommunication.
3) Décliner 15 secrétariats d’état, dont : réforme administrative, domaines de l’état, justice transitionnelle, bonne gouvernance & lutte anti-malversation, etc…
4) Remplacer le gouverneur de la BCT par un haut cadre patriote, honnête et indépendant politiquement (n’appartenant à aucune mouvance politique)
5) Sélectionner des Ministres qui pètent le feu, surtout pour les 3 Ministères : Économie, Coopération internationale & Tourisme, Développement régional.
6) Reconduire Messieurs Larayedh, Zebidi, Harouni, Mekki, Abbou, Gharbi, ….
Je n’ai rien contre Messieurs Chakhari, Bettaieb, Dimassi, Nabli,…. , qui sont peut être compétents ailleurs, mais nous n’avons pas besoin de théoriciens qui peinent à gérer les priorités. Aujourd’hui, un Responsable doit se focaliser sur 20% des dossiers qui pèsent 80% en termes d’enjeux.
Mohamed Chawki Abid

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