jeudi 10 mai 2012

La Loi de finances complémentaire adoptée par l’Assemblée constituante

Après plusieurs jours de polémiques, de clashs et de débats, la Loi de finances complémentaires, prévue initialement pour la fin du premier trimestre 2012, a été votée ce 10 mai 2012 au soir, par l’Assemblée constituante. Sur un total de de 158 présents (comptés en raison des défaillances due au vote électronique), 103 ont voté pour, 33 se sont abstenus, et 22 élus se sont déclarés contre. 
La non-traçabilité des voix ne permet pas de connaitre le choix de chacun des élus.

Rappelons que les propositions des élus de l’opposition n’ont généralement pas été prises en compte au moment des votes, malgré des débats houleux, y compris au sein du groupe parlementaire d’Ennahdha, avec une intervention remarquée de Souad Abderrahim. Cette dernière s’était en effet indignée contre ce qu’elle appelle un vote « automatique » et partisan, demandant à ses collègues de réfléchir avant de voter. Une critique contre son propre clan qui fera sourire le 2ème vice-président de la Constituante, M. Larbi Abid, qui présidait alors la séance. "Elle est belle la démocratie!", lancera-t-il. 

Mustapha Kamel Nabli aux investisseurs américains : «now or never!»

Ouvrant les travaux de la conférence annuelle de la TACC (Tunisian American Chamber of Commerce), M. Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a, de prime-a-bord, exhorté les Américains à investir en Tunisie. «La Tunisie entame sa deuxième phase de transition et a besoin d’investissements pour consolider le processus démocratique», a-t-il souligné en substance.

Ces investissements contribueront, notamment, à relever trois défis essentiels, à savoir l’emploi, la croissance et la stabilité. 
Elles renferment de lourds défis, mais englobent aussi «un espoir» de lendemains meilleurs, «de vastes opportunités» et de «réelles possibilités d’affaires». Et pour saisir ces opportunités, «il suffit de savoir s’adapter», ajoute-t-il.
S’adapter, c’est «repenser une nouvelle approche de coopération et de partenariat entre la région Mena et les Etats-Unis». C’est aussi «ramener les entreprises américaines à travailler et à investir» et ce tout en aidant les entreprises de la région à accéder aux marché américain. 

Il s’agit, également, de créer des emplois. Mais pas n’importe lesquels : «nos jeunes diplômés ont besoin de travail qui répond à leur attentes, qui préserve leur dignité» et qui permet un transfert de know-how.
Les changements survenus dans la région Mena en général et en Tunisie particulièrement «ne doivent pas nous faire peur», souligne M. Nabli. 
Certes, la transition a créé des incertitudes et un manque de visibilité «mais c’est là où réside le vrai challenge. Investir, c’est le message que vous pouvez adresser aux peuples de la région Mena». 

Un message de réalisme (business oblige) mais empreint d’espoir : «vous devez être des acteurs actifs et non pas attendre que ça se calme. Les obstacles et les entraves ont sensiblement diminué dans nos pays, il faut en-profiter ». Comprendre qu’investir en Tunisie post-révolution, c’est du « now or never ! »

Tunisie – Pas de contamination nucléaire à Gabès, selon les résultats préliminaires

Une équipe de 10 experts s’est rendue, mercredi 9 mai 2012, à Ben Ghilouf dans la délégation d’El Hamma (gouvernorat de Gabès) pour effectuer des prélèvements afin de vérifier la véracité des rumeurs qui circulent concernant la contamination de cette zone par des déchets nucléaires.

Ainsi, les membres de l’équipe ont prélevé des échantillons d’eau, de terre et de plantes des bassins de refroidissement d’eau se trouvant dans la région ainsi que de l’oasis de Kalib Eddokhane et la région militaire de Rméya, pour qu’ils soient analysés ultérieurement.
En outre et grâce à un laboratoire mobile permettant de mesurer le niveau de radiation, ils ont pu faire des examens préliminaires qui ne révèlent pas la présence de radiation. Des études approfondies seront réalisées dont les résultats finaux seront publiés dans les prochains jours.

Notons que vu la gravité des informations circulant sur l’existence de déchets nucléaires, le ministère de l’Environnement, en coordination avec le Centre national des sciences et technologies nucléaires de Sidi Thabet et le Centre national de radioprotection, a dépêché une équipe commune d’experts à Ben Ghilouf.

Tunisie – Liberté d’expression: RSF s’inquiète de l’existence d’une justice à deux vitesses

Dans un communiqué de presse daté du 10 mai 2012, Reporters Sans Frontières a vivement dénoncé l’application de « lois à la carte », dans les domaines de la liberté de la presse et la liberté d’expression en général. 
RSF déclare ainsi regretter que le décret-loi relatif au nouveau code de la presse, officiellement en vigueur depuis les 2 novembres 2011, ne soit pas appliqué et que les lois liberticides, rendues caduques par ce même décret, soient préférées à ces nouvelles dispositions. 

RSF condamne ainsi l’application de l’article 121 paragraphe 3 du Code pénal, pour des affaires concernant les médias. «Le recours automatique aux lois répressives héritées du régime de Ben Ali met en péril l’esprit de la révolution. Certains articles du code pénal sont aujourd’hui utilisés de façon illégitime pour condamner des journalistes et des blogueurs», avait alerté l’organisation. 

RSF s’appuie, dans sa condamnation, sur les trois affaires qui ont fait l’objet de poursuites judiciaires et pour lesquelles un jugement a été rendu. Le directeur de la chaîne de télévision Nessma TV, le responsable du visionnage, ainsi que le propriétaire de l’association chargée de traduire le film Persépolis ont ainsi été condamnés à des amendes, de même que Nasreddine Ben Saida, directeur du journal Ettounissia, en application du même article du code pénal faisant état de «trouble à l’ordre public et atteinte aux bonnes mœurs». 
L’organisation met en parallèle ces condamnations avec celles des salafistes coupables d’avoir attaqué les locaux de la chaîne et le domicile de Nabil Karoui, qui ont été condamnés à une amende de 9,6 dinars, alors que le nouveau code de la presse prévoit également des sanctions pénales pour les agressions contre les journalistes. « Ces condamnations posent aujourd’hui la question de l’existence d’une justice à deux vitesses et d’une situation d’insécurité juridique dangereuse », s’inquiète Reporters sans frontières, dans ce même communiqué. 

RSF revient également sur l’affaire dite des « athées de Mahdia », condamnés, en vertu du même article 121, à sept ans et demi de prison et 1200 dinars d’amende, pour avoir publié des caricatures du Prophète sur Internet. L’un des deux, rappelle l’organisation, a été condamné par contumace, car il a fui la Tunisie et a demandé un statut de réfugié politique, en Europe. Pour le deuxième, incarcéré depuis le 28 mars dernier, l’appel du jugement sera examiné le 14 mai 2012. 

Reporters sans frontières appelle le gouvernement actuel à prendre les dispositions nécessaires pour mettre un terme à ce flou juridique, créé par la non-application des décrets-lois officiellement entrés en vigueur et de faire en sorte que l’amendement de ce décret, voulu par ce même gouvernement, ne retarde pas la mise en place d’une législation plus respectueuse que celle appliquée sous la dictature. « Il n’est pas normal que les magistrats aient la possibilité d’appliquer les lois « à la carte » », conclut RSF dans son communiqué.

La CGTT dénonce une campagne de dénigrement menée par le ministre des Affaires sociales

La Confédération Générale Tunisienne du Travail condamne ce qu’elle estime être une campagne de dénigrement orchestrée par le ministre des Affaires sociales. Dans un communiqué daté du 9 mai 2012, signé Habib Guiza secrétaire général de la CGTT, le syndicat s’étonne des déclarations livrées aux médias par le ministre. Des déclarations qui mettraient en doute la légitimité de la CGTT et dévalueraient le nombre de ses adhérents.

Cette manœuvre vise à écarter la CGTT des prochaines discussions sur le projet du pacte social et des prochains dialogues sociaux, toujours selon le communiqué. Le syndicat rappelle qu’il a présenté des documents légaux en bonne et due forme, concernant son congrès tenu à Nabeul les 3 et 4 septembre 2011, à tous les ministères, notamment, celui des Affaires sociales. Des séances de travail ont même réuni les syndicalistes et le ministre sur les questions syndicales et sociales, précise encore le communiqué.

La CGTT considère ces attaques visant la « décrédibilisation» de ses cadres et de sa base comme une « tentative désespérée » de la faire taire. Une tentative contre laquelle le syndicat « s’opposera avec tous les moyens légitimes de militantisme », rappelant que ses leaders ont subi l’exclusion du temps de l’ancien régime et qu’ils s’y opposeront à nouveau « après que la Révolution de la dignité et de la liberté » ait libéré les énergies des jeunes militants du syndicat ».

Accusé de profanation du drapeau, Yassine Bdiri écope de six mois de prison avec sursis

Yassine Bdiri, le jeune accusé d’avoir profané le drapeau tunisien à l’université de la Manouba, a écopé de six mois de prison avec sursis. Il devrait donc rentrer dans les prochaines heures chez lui. 
L’article 129 du Code pénal tunisien prévoit un an d’emprisonnement pour quiconque, par paroles, écrits, gestes, ou tout autre moyen, porte atteinte publiquement, au drapeau tunisien ou à un drapeau étranger. 

Le Tribunal a cependant été sensible aux plaidoiries de ses avocats, parmi lesquels la célèbre néo-islamiste Raja Haj Mansour, qui ont souligné le caractère non prémédité de l’acte de leur client et son absence de volonté de profaner le drapeau tunisien. Il a juste voulu mettre côte à côte le drapeau islamique, unificateur à ses dires, et le drapeau tunisien. 
Le fait que l’accusé se soit livré de son propre chef à la justice et qu’il n’ait pas d’antécédents judiciaires a également joué en sa faveur.

Bourse de Tunis - Suspension de la cotation d’Electrostar

A la demande du CMF, la cotation du titre ELECTROSTAR est suspendue à partir du jeudi 10 mai 2012.
Aucune explication n’a été donnée par le gendarme de la bourse pour justifier cette suspension. 

Contacté par Business News, un intermédiaire tunisien en bourse donne sa propre explication, à savoir la hausse inexpliquée depuis des semaines du titre d’Electrostar, alors que les états financiers de l’entreprise ne justifient guère une telle appréciation. 
« Il se pourrait que le CMF ait lancé sa propre enquête et a suspendu la cotation le temps de savoir ce qui justifie la cotation en hausse incessante du titre ». 

Alors que le titre était coté à 3,700 dinars le 12 mars, il était échangé hier, mercredi 9 mai, à 16,260 dinars. Une appréciation qui fait rêver tout boursicoteur…

Tunisie - Deux nouveaux journaux de propagande



Deux partis viennent de lancer, jeudi 10 mai 2012, le premier numéro de leurs journaux, à savoir l’UPL de Slim Riahi et El Amen de Lazhar Bali. 
Pour l’UPL, il s’agit d’un hebdomadaire en langue arabe de 32 pages (en plus d’un supplément culturel de 16 pages) de format tabloïd. 
Il porte le titre de « Tounès El Horra » (Tunisie libre), le même que celui du journal de Zine El Abidine Snoussi, dans les années 30 à qui le journal rend hommage. 
Slim Riahi préside le Conseil d’administration de l’hebdomadaire, Khaled Chouket est nommé directeur responsable et rédacteur en chef et Lotfi Najar, directeur de la rédaction. 
Le journal défend, bien entendu, les valeurs du parti qui ont tendance à changer, selon les observateurs, au fil du temps. Pour ce premier numéro, on peut ainsi voir ce titre à la une d’une interview de Noureddine Khadmi, ministre des Affaires religieuses, où il est dit que les Salafistes ont répondu à l’appel de la révolution. 
Dans les pages sportives, on trouvera un autre titre où il est écrit que le Club Africain est devant une occasion historique avec une photo, en dessous, de Slim Riahi. L’article mentionne que le président de l’UPL, « féru » du Club Africain, est prêt à présider l’équipe rouge et blanc et relever tous les défis.
Pour le deuxième journal, il a opté pour le même titre que son parti, El Amen tout en ajoutant, en caractères plus petits, Sawt El Karama (voix de la dignité). C’est un bi-mensuel en langue arabe de 16 pages de format tabloïd. 
Le directeur responsable est Lazhar Bali, président du parti dont la photo parait (à deux reprises) à la une du journal et à la page 4 à l’occasion d’une interview d’une page et demie, qu’il donne à un de ses journalistes, mais en portant, cette fois, la casquette de président de parti. 
Le rédacteur en chef de « El Amen Sawt el Karama » est Rachid Gannouni et la direction de la rédaction a été attribuée à Dhafer Bettibi. 
On signalera, pour ce premier numéro, deux articles de Skander Rekik, un des fondateurs du parti, et un article de Taoufik Ben Hamadi, membre du comité national d’El Amen, dans lequel il critique l’indépendance totale de la Banque centrale de Tunisie qui, selon lui, ne sert pas le pays.

Un élu à l’ANC filmé en train de tricher dans les votes (vidéo)

La vidéo ci-dessous, montre l’ancien président du groupe parlementaire d'Al Aridha Al Chaabia, et présidant actuellement le groupe «Liberté et démocratie» Abdelmonaem Krir, en train de voter pour lui-même et pour son voisin absent, en utilisant les deux compteurs de votes. 

Si Abdelmonaem Krir explique cet acte par la présence de sa collègue dans l’hémicycle, qui s’était, alors, absentée quelques instants de son siège, celui-ci survient après les dénonciations de plusieurs élus, dont Azed Badi et Sahbi Atig, notamment, concernant ce dysfonctionnement et la possibilité pour les élus de voter plusieurs fois, à tel point que, pour certains votes, le nombre de votants dépassait de plusieurs dizaines, le nombre effectif de présents.

Tunisie - Ministère de l’Intérieur : L’incident des salafistes survenu au Kef n’implique pas de touristes

Le ministère de l'Intérieur a indiqué, mercredi 9 mai 2012, que l'incident survenu, mardi, dans la ville du Kef «est un accrochage» entre un citoyen nommé Ahmed Hammami et un groupe de jeunes salafistes et qu'il s'agit «d'un règlement de comptes personnel».

Des sources dans la région du Kef avaient rapporté qu'un guide touristique et deux touristes français ont été agressés, mardi soir dans la ville. 
«Cet incident n'a aucun rapport avec les deux touristes qui n'ont pas été agressés» affirme le ministère, précisant que M. Hammami «n'est pas un guide touristique».
Le communiqué ajoute que le poste de police de la ville, après concertation avec le ministère public, «a ouvert un procès verbal judiciaire à cet effet et a décidé la poursuite de l'enquête».