lundi 21 mai 2012

Tunisie – Investissement de 197 millions de dinars à Médenine

La réunion tenue samedi 19 mai 2012 entre des responsables de l'Union régionale du travail (UGTT) et du gouvernement a donné lieu à un accord pour la création de 130 projets dans le gouvernorat de Médenine d'une valeur globale de 197 millions de dinars.
Les projets en question concernent essentiellement les infrastructures de base et routières (autoroute reliant Djerba à Gabès), le développement des ressources humaines ainsi que l’appui du secteur industriel (station de dessalement d'eau à Djerba).
Selon Shems FM, 24 projets ont déjà été programmés dans le secteur privé, dont 12 en cours de réalisation.

Tunisie – Grève de 10 jours des agents de propreté à Kairouan

Les agents de propreté et d'entretien de la municipalité de Kairouan ont entamé une grève de 10 jours pour revendiquer l'application des promesses concernant la régularisation de leur situation professionnelle et l'annulation du travail sous le régime de la sous-traitance, et ce à partir du lundi 21 mai courant.
« Nos demandes sont purement sociales et nous étions contraints d’entamer cette grève vu que les autorités nous ont ignorés », souligne l’un des agents sur les ondes de Shems FM.

Par ailleurs, une importante campagne de propreté a été lancée par le département des affaires municipales au gouvernorat de Kairouan pendant la période de la grève visant toutes les cités et les artères de la ville. Cette campagne est organisée en collaboration avec les administrations, les services et les entreprises concernés ainsi que toutes les composantes de la société civile.

Tunisie - Le gouverneur de Gabès quitte son bureau sous escorte suite à un mouvement de protestation

Des protestataires ont essayé de prendre d’assaut, lundi 21 mai 2012, le bureau du gouverneur de Gabès, selon la TAP. Les forces de l’ordre ont utilisé du gaz lacrymogène pour disperser les contestataires qui ont forcé l’entrée avant du siège du gouvernorat.

Les protestataires ont scandé des slogans réclamant le départ du gouverneur considérant qu’il a failli dans le traitement de certains dossiers, dont notamment le transfert de la station de transport terrestre.
Des représentants de la société civile ont critiqué cette action, expliquant qu’«elle est basée sur des calculs politiques et qu’elle peut avoir des répercussion négatives sur la région». Ils ont souligné, dans ce contexte, l’importance du dialogue pour trouver des solutions aux problématiques posées.

Le gouverneur, Omar Chahbani, a été contraint par la suite de quitter le siège du gouvernorat sous la protection des forces de l'ordre et de l'armée, indique la TAP. Il lui a été impossible de continuer à travailler, tout comme les agents du gouvernorat. 
On notera que les protestataires après avoir été dispersés une première fois par les forces de sécurité, sont revenus à la charge, obligeant le gouverneur et les agents à quitter leur lieu de travail. 

Tunisie - Le bureau de Megrine du PCOT attaqué

Le nouveau bureau du parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT) à Megrine a été attaqué, dimanche 20 mai 2012.

Selon Abdallah Garram, membre de la direction du PCOT, les agresseurs ont brisé l'enseigne lumineuse portant le nom du parti et tenté de forcer la porte du bureau.
Cette attaque était «prévisible», compte tenu de la réussite du meeting organisé, il y a une semaine, par le parti, à l'occasion de l'ouverture de son nouveau bureau à Megrine, a estimé M. Garram, en refusant d'accuser une quelconque partie.
Il a, dans ce contexte, dénoncé le recours de certains à saboter les actions de terrain menées dans les quartiers populaires «par tous ceux qui défendent des opinions différentes».
Il a, à cet égard, rappelé les difficultés rencontrées par les militants de son parti lors de la distribution des tracts du PCOT au quartier "Ennour".

Tunisie - Pas «d’année blanche» en matière de hausse des salaires, selon l’UGTT

Belgacem Ayari secrétaire général adjoint de l’UGTT a été l’invité de la radio Mosaïque Fm, le lundi 21 mai 2012 afin de présenter la position du syndicat des décisions gouvernementales concernant les employés. 

M. Ayari a rappelé que l’appellation «année blanche» était au départ évoquée par Mohamed Abbou, ministre des Réformes administratives, pour être, par la suite, reprise par plusieurs médias. Par contre, le chef du gouvernement Hamadi Jebali avait, de son côté, réfuté le terme. M. Ayari a donc invité les représentants du gouvernement à unifier leurs positions et à synthétiser leurs décisions, afin d’éviter tout amalgame et toute ambigüité, pour les citoyens.

M. Ayari a également affirmé que l’UGTT s’attache à sa lutte pour les revendications sociales des ouvriers, et notamment la hausse habituelle annuelle des salaires, à laquelle le gouvernement semble vouloir échapper cette année pour cause de crise économique. Il a rappelé que les augmentations de salaires calment les tensions et mènent à la stabilité sociale et politique. Il a affirmé que ces augmentations améliorent le pouvoir d’achat, dynamisent les échanges et par conséquent donnent naissance à de nouveaux postes d’emploi. En gros, selon M. Ayari, ces augmentations atténuent le chômage, une façon pour lui d’atteindre d’un coup, deux cibles.

Tunisie - UE : 1,1 million d'euros pour l'insertion socioéconomique des handicapés

Un séminaire marquant le lancement d'un projet de jumelage entre la Tunisie, l'Espagne et l'Allemagne pour l'appui à l'insertion socioéconomique des handicapés, a été organisé lundi 21 mai 2012 à Tunis.

Financé par l'Union Européenne (UE), à hauteur de 1,1 million d'euros (plus de 2 millions de dinars), le projet s'étale sur une période de 24 mois (janvier 2012-janvier 2014). L'objectif est de promouvoir l'intégration sociale des personnes handicapées en Tunisie, à travers le développement du cadre législatif et des stratégies et programmes nationaux y afférant.
Le projet comprend, notamment, l'élaboration d'un plan d'action spécifique favorisant l'intégration socioéconomique des handicapés et la mise en place d'un système de suivi et de veille en matière de prévention du handicap.
Parmi ses composantes, figurent aussi l'encadrement dans les centres spécialisés et de réhabilitation ainsi que l'amélioration de l'intégration scolaire des enfants handicapés dans les écoles ordinaires. Il s'agit, aussi, d'optimiser la présence des handicapés dans les entreprises tunisiennes. Pour rappel, un taux annuel de recrutement égal à 1% est réservé aux handicapés dans la fonction publique et un pourcentage inférieur est fixé par le privé.

En Tunisie, les handicapés se chiffrent à 208 mille, soit 2% de la population. Près de 366 associations opèrent dans ce domaine et gèrent 295 centres d'une capacité d'accueil de 17 mille élèves.
Présent à cette rencontre, le ministre des Affaires sociales Khalil Zaouia a relevé que malgré les pas importants franchis, notamment, après la ratification, en 2005, de la convention internationale relative aux droits des handicapés, beaucoup reste à faire en vue d'assurer la participation effective de cette partie intégrante de la société dans la vie publique et concrétiser l'égalité des chances en termes de scolarisation et d'emploi.
Ce projet constitue une opportunité pour étudier de manière approfondie la situation des personnes handicapées en Tunisie et adapter les stratégies et programmes aux mutations politiques et socioéconomiques survenues après la révolution du 14 janvier, a-t-il ajouté.

Secteur bancaire : augmentation des dépôts, des crédits et … des créances impayées

Selon des sources bancaires, les quatre premier mois de l’année en cours ont enregistré une hausse de 3,5% du montant global des dépôts auprès des banques. Ainsi, la persistance de « la désaffection à l'égard des banques tunisiennes » ; relevée par le Pr Hachemi Alaya ; et qui persiste depuis début 2011, semble voir la fin du tunnel. 

Et si les banques ne sont plus « snobées » par leurs clients, ces dernières leur rendent bien : en effet, les concours à l’économie (comprendre les crédits bancaires au profit des secteurs économiques) ont, de leur part, évolué. Toutefois, cette progression s’est faite à un rythme moins rapide que celui enregistré au cours de la même période de l’année écoulée, soit 4%. 
Certes, l’activité économique est loin d’avoir retrouvé son rythme » normal », mais la reprise de financement par le crédit (tant pour les fonds propres que pour l’investissement) constitue un signe révélateur. A suivre avec attention.

Seul bémol – mais inévitable dans une conjoncture post-révolution – dans les prémices de cette « embellie », ce sont « les comptes débiteurs, les créances impayées et les crédits de consolidation qui ont représenté la part la plus importante de l’augmentation globale des crédits ». 
Cette situation est révélatrice davantage de difficultés en matière de recouvrement, et ce, tout en sachant que les crédits à la consommation ont connu, à leur tour, une hausse sensible. 
Aussi, il importe de préciser que, et dans une répartition sectorielle de l’augmentation globale des crédits, ce sont le tourisme et la promotion immobilière qui ont représenté, avec respectivement, 18,8% et 14,3% de l’augmentation totale.
Cependant, ce sont les industries manufacturières qui accaparent la part de lion avec 45,2% de cette hausse ! Ceci peut augurer d’une éventuelle reprise des investissements dans ce secteur. 

Tunisie - Montassar Mehrezi reste en prison

Montassar Mehrezi dont le juge de la Cour d’appel a ordonné la libération samedi dernier, dans l’affaire de l’aéroport, reste en prison. 
Avant sa libération, on a constaté que le doyen des juges d’instruction a émis dernièrement contre lui un mandat de dépôt dans une affaire de blanchiment d’argent dans laquelle sont impliquées 58 personnes. 

Son avocat n’était pas informé de ce mandat de dépôt, nous dit-on. 

Tunisie – Les salaires des députés passeraient de 2300 dinars à 4800 dinars

Les élus de l’Assemblée nationale constituante sont aux anges. Leur salaire devrait passer de 2300 dinars à 4800 dinars, soit le salaire d’un ministre, apprend-on auprès d’une source digne de foi. 

La mesure sera mise à exécution dès la fin de ce mois pour les salaires de mai et la décision a été signée par Mustapha Ben Jaâfar avant son départ en Afrique du Sud où il participe à un congrès en compagnie d’une dizaine de députés dont Brahim Qassas.
Nous croyons savoir que les services concernés au ministère des Finances, qui procédaient, machinalement à l’application du bordereau, ont alerté leurs supérieurs et attendent les instructions du ministre, Houcine Dimassi, dans le sens où cette note de paiement des salaires, révisés à la hausse, n’a pas été visée ni par le chef du gouvernement ni par le ministre des Finances.

Tunisie - 36 MD débloqués pour le dédommagement de 459 entreprises sinistrées

Quelque 36 millions de dinars (MD) ont été débloqués à ce jour, pour indemniser 459 entreprises sinistrées, sur un total de 664 dossiers présentés à la commission technique des indemnisations.

Le dédommagement a été effectué à hauteur de 40% des dégâts occasionnés aux entreprises, du fait des émeutes et des actes de vandalisme qui ont accompagné la révolution du 14 janvier.
Le reste des sociétés n'a pas été touché d'indemnisation, puisqu'elles ne répondent pas aux critères fixés par la nouvelle loi en vigueur (survenue du sinistre entre le 17 décembre 2010 et le 28 février 2011, déclaration des revenus en 2010, chiffres d'affaires supérieur à 30 mille dinars...).

Fethi Dridi, responsable du département industrie, à l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA), a indiqué à la TAP que «ce chiffre est important, malgré les retards subis au niveau de la promulgation de la loi, régissant l'indemnisation des entreprises sinistrées pendant la révolution».
Il a expliqué ce retard par la complexité des procédures (expertise, contre-expertise…...), ce qui a nécessité la création d'une commission technique, placée sous la tutelle de "Tunis Ré" (société tunisienne de réassurance), laquelle se charge de débloquer les montants d'indemnisation.
Il a estimé que le montant d'indemnisation peut aller de 3 mille à 500 mille dinars pour une seule entreprise, appartenant généralement à la catégorie des PME.

La ventilation de l'indemnisation des entreprises révèle que dans le secteur de l'agriculture, sur 176 dossiers soumis à la commission, 137 ont été approuvés pour un montant total de 7,934 MD, 10 ont été refusés et le reste en cours de contre-expertise.

Tunisie - Ridha Grira poursuivi en justice

Une action en justice a été intentée par l'Union nationale des syndicats des forces de la sécurité intérieure contre l'ancien ministre de la défense nationale, Ridha Grira, annonce un communiqué rendu public lundi 21 mai 2012, par l'Union nationale des syndicats des forces de la sécurité intérieure. 
Cette action est intentée, également, contre toute personne impliquée dans le complot contre la sûreté de l'Etat et dans l'incitation à l'effusion du sang des Tunisiens, civils, sécuritaires et militaires, ajoute le même communiqué.
L'action en justice s'inscrit dans le cadre des objectifs fixés par l'Union, dont la reddition de comptes des meurtriers des martyrs relevant de l'institution sécuritaire et la garantie d'un procès équitable pour tout accusé, loin des tiraillements politiques et des pressions populistes, en consécration des principes de la justice transitionnelle.

Le secrétaire général de l'Union nationale des syndicats des forces de la sécurité intérieure avait tenu, le 9 mai, une conférence de presse au cours de laquelle il avait fait la lumière sur plusieurs vérités en rapport avec la révolution et sur les raisons qui ont fait de l'agent de sécurité "un bouc émissaire".

Tunisie - Les stations services de Jendouba entament une grève de 3 jours

Les stations services de Jendouba sont entrées en grève de 3 jours à partir d’aujourd’hui lundi 21 mai 2012, selon une déclaration de Noureddine Jouini, président de la Chambre régionale des stations d’essence du gouvernorat de Jendouba à Mosaïque Fm.

M. Jouini a indiqué que cette action est en protestation contre la vente illicite d’essence de contrebande dans la région. Il a accusé le silence des autorités locales et régionales qui ne réagissent pas face à ce phénomène et qui leur demande indéfiniment de patienter.
Il a, également, précisé que le premier-délégué de la région attendait des garanties écrites fournies par le ministère de l’Intérieur lui permettant de ratisser la région et d’éradiquer la contrebande d’essence, toujours selon ses dires.

Seuls les véhicules prioritaires (ambulances ou protection civile) seront servis, prévient Noureddine Jouini dans une déclaration à Shems Fm.

Noureddine Bhiri : «Personne n’a jamais parlé de réconciliation contre financement»

Le ministre de la Justice, Noureddine Bhiri, s’est exprimé sur les ondes d’Express Fm, dans la matinée du lundi 21 mai 2012. Lors de cette interview, M. Bhiri a affirmé que la justice transitionnelle prévoit essentiellement de poursuivre toute personne ayant commis une infraction ou délit en traitant les fauteurs, cas par cas et non d’une manière collective. Il a ajouté qu’aucune sanction ni verdict ne seront prononcés à l’encontre de personnes en fonction de leurs noms ou appartenances, mais selon les actes commis.

Concernant les 450 hommes d’affaires sur lesquels de fortes rumeurs circulent et selon lesquelles, des arrangements confidentiels sont en train d’être négociés, M. Bhiri est formel : «Personne n’a jamais parlé de réconciliation contre financement!», démentant ainsi publiquement les propos de Néjib Hnane, président de la commission de confiscation, qui avait déclaré espérer tirer, au moins, trois millions de dinars, en moyenne, de chaque homme d’affaires dont le nom figure parmi les interdits de voyage. 

Noureddine Bhiri, sur un ton ferme, a précisé qu’aucune négociation n’a été faite d’une manière secrète, car il s’agit d’affaires qui sont du ressort de la justice. Il a également évoqué les valeurs morales des membres du gouvernement qui font qu’ils n’insultent personne et qu’ils ne se vengeront de personne, mais qui laissent la justice faire son travail en toute indépendance et impartialité.

Evoquant l’abus de pouvoir de certaines parties, avec notamment la fermeture forcée de certains commerces à Sidi Bouzid, M. Bhiri a été très clair: «Tous ceux qui franchissent les lignes rouges de la souveraineté de l’Etat, seront punis sévèrement. Il n’y a pas d’Etat dans l’Etat. Vous allez voir, nous ne comptons pas nous taire face aux infractions. Tous ceux qui cherchent à faire chuter l’Etat se planteront et s’effondreront avant l’effondrement de l’Etat. » Il a enchainé par dire : « Ceux qui pensent que l’Etat ne réagit pas par crainte, se trompent. La récréation est bel et bien terminée!».

Par ailleurs et mentionnant les prochaines élections et l’avenir de l’ISIE, M. Bhiri a écarté l’éventualité de voir Ameur Laârayedh à la tête de la commission, tel que le prétendent certaines rumeurs. Il a ironisé : « Si on voulait falsifier les élections, on le ferait différemment ! Or nous ne comptons absolument pas truquer les élections, nos valeurs morales nous en empêchent.»

Le nouveau conseil de rédaction de la Radio nationale «nul et non avenu», selon le PDG de la Radio tunisienne

Le conseil de rédaction de la Radio nationale, récemment élu, est considéré «nul et non avenu», déclare le nouveau président-directeur général de l'Etablissement de la Radio tunisienne, Mohamed Meddeb, dans un communiqué rendu public, dimanche 20 mai 2012.

Autant la direction générale de la Radio tunisienne veille à ne pas interférer dans la ligne rédactionnelle, autant «elle ne tolère pas la mise en place d'instances illégales, au service d'intérêts personnels et partisans», a-t-il souligné.
M. Meddeb a dénoncé la constitution d'un groupe de journalistes réputés pour leur allégeance à l'ancien régime sur «la base de textes juridiques non encore réactivés», tels que le décret-loi n°115, ainsi que d'une décision administrative de l'ancien directeur, dans l'objectif d'imposer une direction parallèle qui empiète sur les prérogatives de l'actuelle direction issue d'un gouvernement élu, ajoute le communiqué.

Commentant ladite décision, le membre de l'Instance nationale de la réforme de l'information et de la Communication (INRIC), Hichem Snoussi, a déclaré qu'il est bien établi dans les démocraties modernes «qu'une séparation nette et claire doit être accomplie entre l'administratif et le rédactionnel».
«On se demande si le nouveau PDG a un problème avec les symboles de l'ancien régime ou avec la restructuration des services de la Radio nationale conformément aux standards des médias publics indépendants», s'est-il interrogé.
«Ce qui importe pour l'INRIC et le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), c'est que les élections ont abouti à "un consensus entre tous les journalistes de la radio"», a soutenu M. Snoussi.
Pour ce qui est des accusations portées contre certains journalistes, il est attendu du PDG, en sa qualité de responsable de tous les journalistes de l'établissement, qu'il fournisse des preuves à ses accusations, a indiqué le membre de l'INRIC.
«Il est impératif de s'atteler aux questions essentielles du secteur», a-t-il dit, se déclarant étonné de l'absence de volonté politique claire concernant le parachèvement de la réforme de l'information.

Tunisie - Médias vs pouvoir : période d’accalmie ou début de soumission ?



Les observateurs ont remarqué, lors de ces 20 derniers jours, que les attaques contre les médias ont diminué d’intensité de la part des dirigeants du parti Ennahdha, aussi bien dans leurs déclarations de presse que dans les interventions des membres de ce parti à l’Assemblée nationale constituante.
Plus de recommandations sulfureuses de privatiser les chaînes publiques, ni d’appels continus à axer le journal télévisé sur les activités du gouvernement et de la présidence de la République. Ce changement veut-il dire qu’Ennahdha a lâché prise dans sa bataille pour la mainmise sur les médias ? Ou plutôt que ces derniers, et particulièrement la Télévision nationale et ses deux chaînes, sont sous la botte du pouvoir ?


Il est utile de rappeler trois événements ayant coïncidé avec la période de grande tension entre les médias et le gouvernement. D’abord, le sit-in devant le siège de la télévision nationale qui s’est prolongé pendant 50 jours et qui a été, au départ, complètement ignoré par les citoyens, les médias et les employés de la télévision malgré les intimidations proférées contre les journalistes de la télé. 
Il a fallu que Cheikh Rached Ghannouchi et Ameur Laârayedh parlent de privatisation et que les sit-inneurs relaient cet appel pour que la tension monte à son paroxysme et que la société civile se mobilise pour soutenir les employés de la télévision. Le sit-in opposé des employés de la télé pour défendre leur établissement a obligé le parti Ennahdha à lever le sien, opérant, ainsi, un recul temporaire, comme n’ont cessé de rappeler les sit-inneurs nahdhaouis, face à cette élite qui a montré encore une fois son attachement aux acquis démocratiques de la révolution. 

Ensuite, il est utile de rappeler le fiasco de la première réunion de la consultation nationale sur les médias, organisée le 25 avril dernier. Le Syndicat des journalistes tunisiens (SNJT), l’Instance nationale de réforme de l’information et de la communication (INRIC), ainsi que plusieurs personnalités nationales du monde des médias ont assisté à la séance d’ouverture avant de demander le report de cette réunion «mal préparée». 
Face au refus du gouvernement de suspendre cette consultation, voire de la transformer en un atelier de réflexion sur la question, ces participants (SNJT, INRIC, syndicat de l’information de l’UGTT, Sihem Ben Sedrine, Tahar Ben Hassine, etc.) ont décidé de la boycotter, laissant les officiels dans une sorte de «one man show». 

De plus, la présence de certaines figures médiatiques de l’ancien régime sur la liste des invités a envenimé davantage la situation, poussant les observateurs à s’interroger sur les portées de la réforme préconisée. 
Dernier fait à retenir, la conférence de presse tenue le 4 mai par le PDG de la télévision tunisienne, Adnène Khedher, avec à ses côtés, Saïd Khezami, directeur de l’information à la télé, le journaliste Maher Abderrahmane et Najla El Amri, directrice régionale de la BBC, pour présenter «le code de déontologie» ou «la politique rédactionnelle de la télévision tunisienne».
Le journaliste Maher Abderrahmane avait alors indiqué que ce projet était le fruit d’un travail collectif des journalistes dans des ateliers qu’il a chapeautés depuis février 2011 en collaboration avec la BBC. 

De leurs côtés, Adnène Khedher et Saïd Khezami avaient insisté sur l’engagement des journalistes de la télévision nationale en tant que service public à respecter la crédibilité de l’information et le droit du citoyen à une information transparente, précisant que ce code «constitue l’ébauche d’une politique rédactionnelle pour la télé nationale de manière à garantir l’intérêt du citoyen, de l’institution et du journaliste».
C’est dire que la télévision tunisienne n’a pas chômé en matière de réforme et que l’amélioration continue de son audimat, notamment celui du journal télévisé de 20 heures, traduit une crédibilité en hausse auprès du public, contrairement à ce que prétendent les gens d’Ennahdha. 
Ces successions d’événements ont bousculé le projet de mainmise d’Ennahdha sur les médias. Encore une fois, leur théorie d’arbitrage de la rue a subi un camouflet. Le terrain a opposé les thèses structurées des professionnels des médias et de la société civile sur l’indépendance des médias aux slogans creux d’une poignée de badauds qui n’ont pas de consistance dans les propos. Les barons d’Ennahdha ont préféré observer de la colline le déroulement des événements, tout en donnant à ces «citoyens» le droit de s’exprimer.

Par ailleurs, l’estocade finale a été donnée par le projet de code de déontologie de la télé qui a été présenté par des personnalités qu’Ennahdha a amenées à la télévision tunisienne, en l’occurrence Adnène Khedher et Saïd Khezami. 
C’était la deuxième fois en un mois que ce duo a fait subir un camouflet à Ennahdha concernant l’évolution de la ligne de rédaction du journal télévisé. La première avait eu lieu dans un débat télévisé.
Donc, les professionnels ont dit leur mot. Il y avait nécessité de se replier, tactiquement du moins, surtout que la réalité a montré qu’Ennahdha manque terriblement de compétences sur le terrain qui peuvent œuvrer de l’intérieur même des circuits.
Rached Ghannouchi en est bien conscient. Il a répété plusieurs fois que «l’élite n’est pas avec nous» et que «le peuple ne peut pas avancer sans son élite». Ennahdha va donc réfléchir avant de rebondir sur les médias.

Cela dit, il est bon d’observer le changement de ton dans le traitement des informations gouvernementales aussi bien dans le journal télévisé que dans la programmation ordinaire. 
Des faits insolites ont été observés il y a quelques jours où l’on a diffusé de larges extraits, parfois l’intégralité, des discours du président de la République et du chef du gouvernement après la fin du journal télévisé. 
Le téléspectateur avait, du coup, l’impression d’avoir deux journaux télévisés qui durent plus d’une heure. Du jamais vu dans les pays démocratiques dans les chaînes généralistes et en temps normal. 
Mais même le journal télévisé n’échappe pas au retour des informations gouvernementales insipides où l’on voit tel ministre recevoir telle personnalité ou signer telle convention. 
Si l’information gouvernementale doit obligatoirement avoir toute sa place dans une télé publique, il n’est pas dit que cette télé doit diffuser tout ce qu’entreprennent les ministres, y compris le travail ordinaire. 
S’agit-il d’une volonté de calmer la tension de la part des journalistes de la télé ou d’un début de soumission et un retour en arrière avec la langue de bois et les caresses dans le sens du poil ? L’avenir à court terme le dira…